De la subjectivité

Nous aspirons à un monde parfait. Parfait selon nos critères. Cependant, le Monde dans lequel nous vivons, n’est intrinsèquement, ni parfait, ni imparfait. Il existe, tout simplement. La perfection est un concept qui, à l’image de l’Homme, est fini, donc incomplet, donc imparfait. Comme tout concept, elle est le fruit d’une construction interne de l’esprit humain et n’existe qu’à travers le regard de celui-ci. Cette contradiction inhérente à notre propre nature est ce qui façonne nos malheurs autant que nos bonheurs. 

La photographie est ma façon toute personnelle de transcender ma condition d’humain. Elle m’est vitale. C’est par elle que je survis. La photographie est ma méditation, elle est mon principal traitement, ma dopamine. En photographiant ce monde qui m’entoure, je m’échine à isoler ces instants qui aux yeux de mon regard, évoquent ces fragments de mon interprétation de la perfection. Il s’agit souvent d’un instant fugace qui m’a surpris. Je tente à travers mon travail de retrouver cette sensation et de la partager.

La bonne photo n’existe pas, à l’image de la perfection. C’est un concept totalement subjectif. D’où l’importance du point de vue. Sans celui-ci la photo et plus généralement l’image n’ont aucun intérêt. Pour que cette image à la subjectivité assumée questionne le spectateur, c’est au photographe qu’il échoit de démonter les clichés issus de ses propres biais cognitifs.

Des émotions

Dès le départ, le sens de ma démarche tient en ces quelques mots : donner la sensation au public qu’il passe un moment intime en compagnie des personnes photographiées. Au fond de moi, je cultive l’espoir que cette petite graine plantée dans le champ émotionnel du spectateur puisse germer à long terme et qu’à long terme lorsque une question d’actualité en lien avec ce sujet il sorte de la simple émotion cathodique éphémère. Que son indignation passe de l’écume de la surface pour plonger sous la surface et prendre l’ampleur d’une véritable lame de fond.

Mais comment respecter le désir de discrétion des personnes fragilisées et, en même temps, donner ) voir une forme d’intimité qui touche émotionnellement le spectateur ? La réponse est complexe. Deux éléments de réponse m’apparaissent comme essentiel. D’une part, travailler dans la durée pour construire une confiance nécessaire et, d’autre part, développer un langage photographique particulier et adapté à cette question.

Mon regard et mes images découlent indubitablement de ces deux points. Ce processus photographique est source d’une remise en question permanente

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